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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/152

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— Oui, Ivan, Katherina Ivanovna et moi nous sommes réunis pour faire la somme. Elle a fait venir, elle seule, le médecin. Elle lui donne deux mille roubles. L’avocat Petioukovitch aurait exigé davantage ; mais comme l’affaire a du retentissement dans toute la Russie, — car tous les journaux en parlent, — il plaidera plutôt pour la gloire que pour le profit. Je l’ai vu hier.

— Eh bien, que lui as-tu dit ?

— Il m’a écouté sans rien dire. Il a déjà son opinion faite ; pourtant il m’a promis de prendre en considération mes paroles.

— Comment, en considération ? Ah ! les vauriens ! Ils veulent le perdre !… Et le docteur, pourquoi l’a-t-elle fait venir ?

— Comme expert. On voudrait faire passer Mitia pour fou, mais il n’y consent pas.

— Ce serait pourtant vrai, s’il avait tué. Il était fou, à cause de moi, hélas ! misérable que je suis ! Mais il n’a pas tué, pourtant ! il n’a pas tué ! Et tout le monde crie que c’est lui !

— Oui, tous les témoins sont à charge.

— Et Grigori ! Ce Grigori qui prétend que la porte était ouverte !. Je suis allé le voir, il m’a injuriée.

— Sa déposition est peut-être la plus grave.

— Quant à la folie, elle est réelle ; il est fou à cette heure encore, je voulais depuis longtemps te le dire, Alioscha : qu’en penses-tu ? Que dit-il maintenant ? Il me parle d’un petiot. « C’est pour le pauvre petiot que je vais en Sibérie », dit-il, « je n’ai pas tué, mais il faut que j’aille en Sibérie… » Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que c’est que