qu’est ce secret et viens me l’apprendre : c’est pour cela que je t’ai appelé aujourd’hui.
— Tu crois donc que ce secret te concerne ? Mais en ce cas, il ne t’en aurait pas parlé.
— Je ne sais ; peut-être n’ose-t-il pas me le dire. Il veut me prévenir, peut-être.
— Mais toi-même, qu’en penses-tu ?
— Je pense que tout est fini pour moi. Ils sont trois contre moi, — car il faut compter Katka. Il veut m’abandonner, voilà tout ce secret. Il m’a dit qu’Ivan est amoureux de Katka et que c’est pour cela qu’il va si souvent chez elle. Est-ce vrai ? Parle-moi en conscience.
— Je ne te mentirai pas. Ivan n’aime pas Katherina Ivanovna.
— Je le pensais ! Il ment ! C’est un effronté ! Il n’a inventé cette histoire de jalousie que pour pouvoir m’accuser ensuite. Mais c’est un imbécile, il ne sait même pas tromper, il est d’une nature trop franche… Il me le payera ! Attends ! Katka aussi aura de mes nouvelles ! Au moment du jugement, je parlerai… je dirai tout…
Elle se mit à pleurer.
— Grouschegnka, je puis t’affirmer qu’il t’aime plus que tout au monde, crois-moi : je le sais. Je n’irai pas lui demander son secret, mais s’il me le dit, je l’avertirai que je t’ai promis de t’en faire part. Il me semble que ce secret ne doit pas concerner Katherina Ivanovna. J’en suis même sûr… Au revoir !
Alioscha lui serra la main, Grouschegnka pleurait toujours. Il lui était pénible de la laisser ainsi, mais il ne pouvait rester davantage auprès d’elle.