Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/18

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mes recherches sur la destinée de la femme que je n’ai pu, l’an dernier, résister à l’envie de lui écrire une lettre anonyme : « Je vous presse contre mon cœur et je vous embrasse au nom de la femme moderne. » Et j’ai signé : « Une mère »… Ah ! mon Dieu ! mais qu’avez-vous ?

— Madame, dit Mitia en se levant les mains jointes, vous me forcerez de pleurer si vous retardez encore ce que si généreusement…

— Pleurez ! Dmitri Fédorovitch, pleurez ! Ce sont de bonnes larmes…

— Mais permettez ! hurla tout à coup Mitia, dites-moi, pour la dernière fois, si je recevrai de vous aujourd’hui la somme que vous m’avez promise ? Si non, quand faudra-t-il venir pour l’avoir ?

— Quelle somme, Dmitri Fédorovitch ?

— Mais les trois mille roubles que vous m’avez promis… que vous avez si généreusement…

— Trois mille… trois mille quoi ? trois mille roubles ? Oh ! non, je ne les ai pas, dit-elle avec un étonnement paisible.

— Comment ?… tout à l’heure… vous avez dit… vous avez dit que je pouvais faire comme s’ils étaient dans ma poche !

— Oh ! non, vous m’avez mal comprise, Dmitri Fédorovitch. Je parlais des mines. Je vous ai promis plus, infiniment plus de trois mille roubles, je m’en souviens très-bien, mais je n’avais en idée que les mines d’or.

— Et l’argent ? et les trois mille ?…

— Oh ! si vous entendez par là de l’argent, je n’en ai pas, pas du tout, Dmitri Fédorovitch. J’ai même des ennuis avec