Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/236

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achevait de perdre la raison. Il ne cessait de proférer des phrases incohérentes. Tout à coup, il chancela, Alioscha le saisit, le conduisit à son lit et le coucha. Le malade tomba dans un profond sommeil. Alioscha resta pendant deux heures auprès de son chevet, puis s’étendit sur le divan après avoir prié pour ses deux frères. Il commençait à comprendre la maladie d’Ivan. « Trop d’orgueil, trop de conscience. » Dieu et la Vérité, que repoussait Ivan, assiégeaient son cœur révolté. « Oui, pensait Alioscha, puisque Smerdiakov est déjà mort, personne ne croira Ivan. Il ira pourtant. Il déposera. Dieu vaincra, se dit Alioscha avec un doux sourire. Ou Ivan se redressera dans la lumière de la vérité, ou bien… il périra dans la haine, en se vengeant de lui-même et des autres et pour s’être asservi à une foi dont il n’était pas convaincu.