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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/250

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On lui demanda sur quoi elle fondait une accusation si catégorique.

— C’est Dmitri Fédorovitch qui me l’a dit, répondit-elle, et vous pouvez l’en croire. C’est cette dame qui l’a perdu, c’est elle qui a fait tout le mal, ajouta-t-elle avec un tremblement haineux.

— De qui parlez-vous ? demanda le procureur.

— Mais de cette barichnia, cette Katherina Ivanovna qui m’a appelée chez elle et voulait me séduire…

Le président l’interrompit en la priant de contenir ses ressentiments.

— Mais, dit le procureur, quand on a arrêté l’accusé, à Mokroïe, vous avez crié : « C’est moi qui suis coupable ! je le suivrai au bagne !… » Vous le croyiez donc parricide ?

— Je ne me rappelle pas ce que j’ai cru à ce moment. Mais dès qu’il m’a déclaré qu’il n’était pas coupable, je n’ai point douté de sa parole.

IV

On introduisit Ivan. Il avait été appelé avant Alioscha ; mais l’huissier informa le président qu’une indisposition subite empêchait le témoin de se présenter devant le tribunal et qu’il viendrait aussitôt qu’il le pourrait. Son entrée fut à peine remarquée. La curiosité avait été presque satisfaite par l’interrogatoire des deux rivales.

Il s’approcha du tribunal avec une lenteur étrange, sans