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avec votre troïka emportée devant laquelle s’écartent les nations ! Il n’y a plus ici de troïka emportée : c’est un char majestueux, qui marche solennellement et tranquillement vers son but ! Car ce ne sont pas seulement les destinées de mon client qui sont entre vos mains : vous détenez aussi les destinées du génie russe. Sauvez les unes et les autres, affermissez le génie national, prouvez qu’une si grande mission est entre de dignes mains ! »

Le discours du défenseur avait été interrompu par de fréquents applaudissements.

Après la réponse du procureur, les jurés se retirèrent dans la salle des délibérations.

On était sûr de l’acquittement.

Les jurés restèrent absents durant juste une heure.

La sonnette retentit. Un silence morne régnait dans la salle. À toutes les questions du président, et à cette première comme aux autres : « Le prévenu est-il coupable d’avoir tué avec préméditation son père et de l’avoir volé ? » le starschina des jurés répondit d’une voix nette :

— Oui, coupable.

Mitia fut condamné à vingt ans de travaux forcés.