t-il avec un sourire, qu’elle épouse Ivan… Mais guérirat-il ?
— Elle le croit absolument…
— Toujours !… L’as-tu revu ?
— Je viens de le revoir. Je ne me suis pas montré, les médecins recommandent qu’on ne le trouble pas.
— Il faut que je m’évade, Alioscha, il le faut absolument, à cause d’Ivan. Si je vais en Sibérie, Ivan ne guérira jamais. Mais comment allons-nous faire ?
— C’est moi qui suis chargé de tout.
— C’est toi ! Et comme il dit cela simplement ! On dirait qu’il s’agit de la chose la plus facile ! Mais j’ai confiance, précisément parce que c’est toi, précisément parce que tout le monde aura confiance en toi comme moi-même. Ah ! mon petit jésuite, comme tu vas les tromper tous ! Sais-tu que tu es un homme terrible ?
Alioscha sourit faiblement.
— Promets-moi au moins de faire tout ce que je te demanderai, dit-il avec une singulière solennité.
— Absolument ! répondit Mitia sans prendre le temps de réfléchir, tout ce que tu voudras, fais seulement un geste…
Un rapide sourire plissa encore les lèvres d’Alioscha, puis il reprit avec calme :
— Nous te suivrons, Grouschegnka et moi, à petite distance. Tâche de dormir et de prendre des forces pendant les deux premières journées : la troisième nuit, sois sur tes gardes, je t’apporterai des vêtements que tu mettras aussitôt. Grouschegnka sera là ; tu t’enfuiras avec elle, et pour tout le reste elle te conduira. Tout sera prêt, la troïka,