Aller au contenu

Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mitia tira de son gilet le petit papier plié en quatre et le montra à Petre Iliitch. En caractères très-lisibles étaient écrits ces mots :

« Je me châtie moi-même pour toute ma vie : c’est pour toute ma vie que je me châtie. »

— Parole ! je vais aller le dire tout de suite à quelqu’un, dit Petre Iliitch.

— Tu n’auras pas le temps, mon cher. Allons boire. Marche !

La troïka les attendait déjà à la porte de Plotnikov ; sur le siège était assis le yamstchik Andrey. Tout était prêt comme Mitia l’avait ordonné.

— Nous n’avons pas de temps à perdre, murmura Dmitri. L’autre fois, c’est Timothée qui m’a conduit. Mais aujourd’hui, il est parti avec la magicienne, avant moi… Andrey, serons-nous bien en retard ?

— D’une heure au plus, dit Andrey. Timothée ne va pas aussi vite que moi.

— Je te donne cinquante roubles si nous n’avons pas plus d’une heure de retard.

— J’en réponds, Dmitri Fédorovitch.

Mitia s’agitait, donnant des ordres, oubliant d’achever ses phrases, allant de çà, de là.

Petre Iliitch s’était chargé des préparatifs. Il essaya d’abord d’empêcher Dmitri de dépenser trop, de se faire trop voler ; puis, voyant que rien n’y faisait, il l’abandonna à son sort.

— Que le diable l’emporte ! Qu’est-ce que cela me fait ? Jette l’argent, s’il ne te coûte rien…

— Viens ici, avance ! ne te fâche pas ! dit Mitia en le