— Animal ! fit Vroublevsky.
— Animal ? Avec quelles cartes jouais-tu tout à l’heure ? Je t’ai donné un paquet cacheté, où l’as-tu mis ? Tu jouais avec des cartes à toi. Je pourrais te faire aller pour cela en Sibérie, le sais-tu ? car cela vaut la fausse monnaie !
Et s’approchant du divan, il retira des coussins un paquet de cartes encore cacheté.
— Voilà mon jeu de cartes !
Il l’éleva en l’air et le montra à tout le monde.
— J’ai vu de chez moi comment il a fourré le paquet dans les coussins, le vaurien ! C’est un pick-pocket, et non pas un pane !
— Et moi, j’ai vu tricher l’autre pane ! dit Kalganov.
— Ah ! quelle honte ! quelle honte ! s’écria Grouschegnka. Seigneur ! quel homme est-il devenu ! quel homme !
— J’y pensais, dit Mitia d’un ton bizarre.
Tout à coup le pane Vroublevsky s’approcha de Grouschegnka et, la menaçant du poing :
— Putain ! hurla-t-il.
Mitia s’était déjà jeté sur lui ; il le saisit des deux mains, l’enleva et en un clin d’œil l’emporta dans la chambre où ils étaient entrés tout à l’heure.
— Je l’ai posé par terre, dit-il en rentrant, un peu essoufflé. Il se débat, le misérable ! mais il ne reviendra pas.
Il ferma un battant de la porte et, tenant l’autre ouvert, il dit au pane à la pipe :
— Très-honoré pane, veuillez… je vous en prie…
— Petit père Mitia Fédorovitch, dit Trifon Borissitch, reprenez-leur donc votre argent ! Ils vous ont volé !