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SOUVENIRS

DE LA

MAISON DES MORTS


PREMIÈRE PARTIE


Au milieu des steppes, des montagnes ou des forêts impraticables des contrées reculées de la Sibérie, on rencontre, de loin en loin, de petites villes d’un millier ou deux d’habitants, entièrement bâties en bois, fort laides, avec deux églises, — l’une au centre de la ville, l’autre dans le cimetière, — en un mot, des villes qui ressemblent beaucoup plus à un bon village de la banlieue de Moscou qu’à une ville proprement dite. La plupart du temps, elles sont abondamment pourvues de maîtres de police, d’assesseurs et autres employés subalternes. S’il fait froid en Sibérie, le service du gouvernement y est en revanche extraordinairement avantageux. Les habitants sont des gens simples, sans idées libérales ; leurs mœurs sont antiques, solides et consacrées par le temps. Les fonctionnaires, qui forment à bon droit la noblesse sibérienne, sont ou des gens du pays, Sibériens enracinés, ou des arrivants de Russie. Ces derniers