Page:Dostoïevski - Un adolescent, trad. Bienstock et Fénéon, 1902.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de discussions, les bêtises arrivent toutes seules. Un domicile, c’est une chose importante. Il s ’est fâ­ché affreusement. On dit que là-bas il est devenu catholique.

— J’ai aussi entendu parler de cela. C’est un ra­contar inepte.

— Je l’affirme par tout ce qu’il y a de saint. Re­garde-le bien... Cependant tu dis qu’il est changé. Et, à cette époque, comme il nous a tourmentés tous ! Crois-tu, il se tenait comme s’il était un saint, comme si son corps eût été une châsse de reliques. Il a exigé de nous le compte de notre conduite, je te le jure ! Ses reliques ! en voilà une autre. C’est drôle de la part d’un homme du monde... Sans doute, tout cela c’est de la sainteté, mais aussi c’est de l’inconnu et pour un homme du monde cela me semble incon­venant. Je lui ai exposé tout cela alors... Il portait des fers. Je rougis de colère.

— Les avez-vous vus vous-même ?

— Non.

— Alors je vous déclare que tout cela n ’est que mensonges inventés par ses ennemis, ou plutôt son ennemie, car il n’en a qu’un : votre fllle !

Le prince s’exaltait à son tour.

Mon cher, je te prie instamment de ne plus mentionner jamais le nom de ma fille à propos de cette histoire infâme.

Je me levai. Il était hors de lui, son menton trem­blait.

Cette histoire infâme, reprit-il..., je n’y croyais pas, je n’y voulais pas croire, mais on m’a dit : « Crois, crois ! » et moi...

Le valet annonça une visite. Je me rassis.