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Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/115

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amoureux, comme s’il voyait pour la première fois une si redoutable beauté, le vieillard attentivement et froidement. On ne pouvait rien lire sur son visage impassible, seulement ses lèvres bleuissaient et frémissaient légèrement.

Catherine s’approcha de la table, enleva les livres, les papiers, et posa le tout sur la fenêtre. Elle respirait précipitamment, avec saccades, et parfois elle aspirait l’air avec avidité, comme s’il allait lui manquer. Sa poitrine ronde s’enflait, et s’abaissait comme une vague près du bord. Elle avait les yeux, baissés, et ses cils noirs brillaient, comme des aiguillons fraîchement aiguisés, sur ses joues claires.

— Fille de czar ! Dit le vieux.

— Ma reine !… murmura Ordinov. Mais aussitôt, il reprit sa présence d’esprit en sentant peser sur lui le regard du vieillard, un regard tout étincelant de méchanceté et de froid mépris. Ordinov voulut se lever. Mais une force invincible clouait ses pieds au sol. Il se rassit en crispant ses poings. Il ne pouvait croire que tout cela fût réel. Il s’imaginait être la proie d’un cauchemar, et que le sommeil morbide pesait encore sur ses paupières.