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Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/132

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phrases. Il roula bruyamment une chaise au milieu de la chambre.

— Je ne vous dérange pas, Yaroslav Iliitch ? Je voulais… pour deux minutes…

— Mais tant que vous voudrez ! Et comment pourriez-vous me déranger, Vassili Mikhaïlovitch ?… Une tasse de thé, n’est-ce pas ? Eh ! Garçon !… Vous ne refuserez pas une seconde petite tasse, continua Yaroslav Iliitch en s’adressant à Mourine, qui accepta. Yaroslav Iliitch commanda très-sévèrement au garçon qui entrait : « Encore trois verres ! » et s’assit auprès d’Ordinov. Il fut quelques instants à tourner sa tête, comme un chien de faïence, tantôt à droite et tantôt à gauche, de Mourine à Ordinov, et d’Ordinov à Mourine. Sa situation était très-désagréable. Il aurait voulu parler, mais ce qu’il avait à dire lui semblait extraordinairement difficile ; il ne pouvait trouver un mot. De son côté, Ordinov semblait de nouveau stupéfait. Il y eut un instant où tous deux commencèrent à parler ensemble… Le silencieux Mourine, qui les observait curieusement, éclata de rire en montrant toute ses dents.

— Je suis venu vous apprendre, – commença