étonnement le citadin égaré dans ces parages. Derrière l’izba s’étendaient des champs et des potagers. Au bout des cieux bleus, des bois sombres ; du côté opposé accouraient des nuages de neiges amoncelées : on eût dit qu’ils chassaient devant eux des bandes d’oiseaux migrateurs, sans cri, et l’un après l’autre enfilant le ciel. Tout était calme, tout était empreint d’une tristesse solennelle, tout souffrait de la secrète et navrante venue de la nuit… Ordinov s’en alla plus loin, plus loin encore. Mais enfin la solitude lui pesa. Il rentra dans la ville, et soudain il entendit les puissants accents de la cloche appelant à la prière du soir. Il doubla le pas, et bientôt il entra de nouveau dans l’église qui depuis un jour lui était si familière.
L’inconnue s’y trouvait déjà.
Elle était agenouillée près de l’entrée, dans la foule des fidèles. Ordinov se fraya un chemin à travers les rangs serrés des mendiants, des vieilles femmes déguenillées, des malades et des infirmes qui attendaient l’aumône à la porte, et s’agenouilla à côté de la jeune femme. Leurs vêtements se touchaient. Il entendait la respiration inégale qui