Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Diable ! diable ! Voilà qui est curieux. Nous avons cela de commun… J’avais envie de me frotter les mains joyeusement, et comment, d’ailleurs, avec une âme si jeune ne pas arriver à une certaine entente ?

Mais par-dessus tout j’étais pris par le jeu que je jouais avec elle.

Elle tourna sa tête vers moi, se rapprocha, et, autant que j’en pus juger dans l’obscurité, s’accouda et appuya sa tête sur sa main. Peut-être cherchait-elle à m’observer. Que je regrettais de ne pouvoir lire dans ses yeux ! Je sentais sa respiration profonde…

― Pourquoi es-tu venue ici ? repris-je, continuant mon enquête.

― Parce que.

― Comme tu serais mieux dans la maison paternelle ! Tu serais au chaud, libre, tu aurais ton nid.

― Et si c’est pis encore ?

(Il faut chercher le ton, pensai-je. La sentimentalité ne prend pas. Du reste, cette pensée ne fit que traverser mon esprit. Parole ! cette fille m’intéressait vraiment. Et puis j’étais las, et il est si