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Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/36

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— On t’appelle Vassili, n’est-ce pas ? demanda-t-elle. J’ai mal entendu, ou c’est le nom que le logeur te donnait hier.

— Oui, Vassili, et toi ? Dit Ordinov.

Il voulut s’approcher d’elle, mais il se soutenait à peine et chancela. Elle le retint par la main, en riant.

— Moi, je m’appelle Catherine.

De ses grands et clairs yeux bleus elle plongeait au fond du regard d’Ordinov. Tous deux se tenaient fortement les mains, sans plus parler.

— Tu as quelque chose à me demander, dit-elle enfin.

— Oui… Je ne sais, répondit Ordinov, et il eut un éblouissement.

— Comme tu es, vois ! Assez, mon mignon, ne te chagrine pas. Mets-toi ici, au soleil, près de la table… Reste tranquille et ne me suis pas, ajouta-t-elle en le voyant faire un mouvement pour la retenir. Je vais revenir, tu auras tout le temps de me voir.

Un instant après, elle apporta le thé, le posa sur la table et s’assit en face d’Ordinov.

— Prends, dit-elle, bois. Eh bien ! As-tu toujours mal à la tête ?