Aller au contenu

Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et il reconnut cette musique qui vibrait dans son cœur. Et il aspirait avidement l’air échauffé, électrisé par l’haleine de la jeune fille. Il tendit les bras, soupira, ouvrit les yeux…

Elle était là, penchée sur lui, éplorée, frémissante d’émotion, pâle de terreur. Elle lui parlait, elle implorait de lui quelque chose, tantôt en joignant les mains, tantôt en le caressant de ses bras nus. Il la saisit, l’attira contre lui, et elle s’abattit toute frémissante sur sa poitrine.


IV


— Qu’as-tu ? Qu’est-ce ? Dit Ordinov, complètement revenu à lui et tenant toujours la jeune fille serrée dans une étroite étreinte. Qu’as-tu, Catherine ? Qu’as-tu, mon amour ?

Elle sanglotait doucement, les yeux baissés, le visage caché dans la poitrine du jeune homme. Longtemps encore elle fut incapable de parler, toute secouée par un tremblement nerveux.