Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/74

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choses que tu ne dois pas entendre… Est-ce cela ?

— Non, je n’ai pas rêvé, répondit Catherine maîtrisant avec peine son agitation, je n’ai même pas pu dormir. Lui, il est longtemps resté sans rien dire… Une seule fois il m’a appelée, je me suis approchée de lui, mais il dormait ; je lui ai parlé, il ne m’a pas répondu, il ne m’entendait pas. Quelle crise il a eue ! Ah ! Que Dieu lui soit en aide ! J’avais le cœur plein d’une si amère angoisse !… et j’ai prié longtemps !… et j’ai prié longtemps !…

— Ma Catherine ! Ma vie !… C’est hier que tu auras eu peur…

— Non, je n’ai pas eu peur.

— Cela est-il déjà arrivé ?

— Oui, cela arrive…

Elle frémit et se serra contre Ordinov comme un enfant.

— Écoute, dit-elle en cessant brusquement de pleurer, je ne suis pas venue chez toi pour rien. Ce n’est pas pour rien qu’il m’était si pénible de rester seule… Ne pleure plus, ne pleure plus pour le chagrin des autres ! Garde tes larmes pour