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Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/139

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Mais moi, la colère me prenait…

Je rencontrai le Polonais M…sky, un prisonnier politique. Il me jeta un regard désespéré ; ses yeux luisaient, ses lèvres frémissaient.

« Je hais ces brigands ! » me dit-il à demi-voix en serrant les dents, et il passa.

Je ne sais pourquoi, je rentrai aussitôt à la caserne, quoique je m’en fusse échappé comme un fou un quart d’heure auparavant, quand six hommes, six forts moujiks, s’étaient jetés tous à la fois sur un Tartare nommé Gazine pour le maintenir et le frapper. Ils l’avaient battu comme plâtre : de tels coups pourraient tuer un chameau. Mais le Tartare était un hercule, et on le frappait sans crainte. En rentrant, je l’aperçus dans un coin, étendu sur son lit, presque mort. On l’avait couvert d’un