Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/145

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ses hérissons, ses écureuils et cette douce odeur mouillée des feuilles pourries !

Encore à cette heure où j’écris, je sens cette odeur de notre pin de la campagne. Ces impressions durent toute la vie.

Tout à coup, au milieu du plus profond silence, j’entends distinctement et clairement ce cri :

« Au loup ! au loup ! »

Je pousse un cri de terreur ; hors de moi, épouvanté, et, toujours criant, je cours droit vers le moujik en train de labourer.

C’était notre moujik Marey. Ce nom existe-t-il ? Du moins tout le monde l’appelait ainsi ; un moujik d’une cinquantaine d’années, fort, haut de taille, avec beaucoup de poils blancs dans sa grande barbe d’un blond sombre. Je le connaissais bien, mais jusqu’alors il ne m’était guère arrivé de lui parler.