Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/238

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avoir du penchant. Car ne faut-il pas d’abord étudier les capacités d’un homme ? Je me mis à l’examiner à la dérobée. « Es-tu, oui ou non, un homme perdu, Emelianouchka ? » Je commençai par de bonnes paroles. De fil en aiguille, lui disais-je en moi-même, Emelian Iliitch, tu devrais te relever !

— Assez de cagnardise ! Vois un peu quelles loques tu as sur le corps ! Ton manteau, laisse-moi te le dire, est un tamis. Ce n’est pas bien, il serait temps de réagir.

Il reste assis, mon Emelianouchka, il m’écoute, la tête basse. Eh quoi, monsieur ! Il avait bu jusqu’à sa langue ! Il ne pouvait plus dire deux paroles liées. Lui parlait-on de concombres, il répondait de navets. Il m’écoute, longtemps, longtemps, puis il soupire.