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Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/257

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Entre Emelian, tout bleu, les cheveux pleins de boue, comme s’il avait dormi dans la rue, maigre et sec comme une planche. Il ôte son manteau, s’assied sur une malle et me regarde. Je me réjouis d’abord, puis le chagrin me reprend de plus belle. Car, voyez-vous, monsieur, à sa place j’aurais crevé comme un chien plutôt que de revenir. Et il était revenu ! Naturellement, il est pénible de voir un homme descendre si bas. Je me mis à le caresser, à le consoler. — C’est bien, lui dis-je, Emelianouchka, je suis content que tu sois revenu. Voilà deux jours que je te cherche dans les cabarets. As-tu mangé ?

— J’ai mangé, Astafy Ivanovitch.

— Allons ! est-ce bien vrai ? Il y a du chtchi d’hier, frère. C’est fait au gras. Et voici encore de l’oignon et du pain. Mange ! Ça ne fait pas de mal.