Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/126

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commencent à discuter sur divers sujets, alors je m’efface tout bonnement ; alors nous autres, matotchka, nous n’avons plus qu’à nous effacer. Je me trouve alors n’être qu’un simple crétin, je suis honteux de moi-même, et pendant toute la soirée je cherche à glisser du moins un demi-mot dans la discussion générale ; mais voilà, c’est comme un fait exprès, ce demi-mot ne me vient pas ! Et l’on se plaint de son sort, Varinka ! on regrette de n’être pas ceci et cela, d’avoir, comme dit le proverbe, grandi sans devenir intelligent. Qu’est-ce que je fais maintenant quand je suis libre ? — Je dors, imbécile que je suis ! Au lieu de dormir sans nécessité, on pourrait aussi s’occuper agréablement, s’asseoir devant sa table et écrire. C’est fructueux pour soi et bon pour les autres. Voyez seulement, matotchka, combien ils gagnent, que le Seigneur leur pardonne ! Tenez, Ratazaïeff, par exemple, que d’argent il touche ! Qu’est-ce que c’est pour lui qu’écrire une feuille ? Il lui est arrivé d’en écrire jusqu’à cinq en un jour, et chacune lui est payée, dit-il, trois cents roubles. Une petite anecdote, quelque chose de curieux, — c’est cinq cents roubles : « Bon gré, mal gré, quand tu devrais