Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/130

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m’adresser aucun reproche ! Oh ! s’ils peuvent comprendre ces souffrances secrètes de son âme tendre, s’ils sont capables de voir tout un poëme dans une petite larme de ma Zuléika ! Oh ! laisse-moi essuyer cette larme avec mes baisers, laisse-moi la boire, cette larme céleste... être supraterrestre ! « — Iermak, dit Zuléika, le monde est méchant, les hommes sont injustes ! Ils nous repousseront, ils nous condamneront, mon cher Iermak ! Une pauvre fille élevée au milieu des neiges de la Sibérie, sous la tente de son père, que ferait-elle dans votre monde froid, glacial, égoïste, sans âme ? Les hommes ne me comprendront pas, mon désiré, mon bien-aimé ! « — Alors le sabre cosaque se lèvera et s’abaissera sur eux ! cria Iermak dont les yeux brillaient d’un éclat sinistre. » Mais que devient Iermak, Varinka, quand il apprend que sa Zuléika a été assassinée ! Koutchoum, vieillard aveugle, profitant des ténèbres de la nuit, s’est glissé, en l’absence de Iermak, dans la tente de ce dernier, et a égorgé sa fille, voulant porter un coup mortel au Cosaque qui l’a privé du trône et de la couronne. « Il me plaît de frotter le fer contre la pierre !