Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/133

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se détachent parfois d’une façon fort inconvenante. Quel effet cela ferait-il quand tout le monde saurait que l’écrivain Diévouchkine met des bottes rapiécées ? Si quelque comtesse ou duchesse l’apprenait, que dirait-elle, mon âme ? Elle ne s’en apercevrait peut-être pas, car, à ce que je suppose, les comtesses ne s’occupent pas des bottes, surtout quand ce sont des bottes d’employés (il y a, en effet, bottes et bottes) ; mais on lui raconterait tout, mes amis me trahiraient. Ratazaïeff serait le premier à me vendre ; il fréquente chez la comtesse V... ; il dit qu’il va la voir très-souvent et tout à fait sans façons. C’est, dit-il, une dame si distinguée, si littéraire ! Un nœud coulant, ce Ratazaïeff ! Mais, du reste, assez là-dessus ; j’écris tout cela, mon petit ange, par manière de plaisanterie, pour m’amuser et vous distraire. Adieu, ma chérie ! Je viens de vous griffonner force sottises, mais c’est parce que je suis aujourd’hui dans la disposition d’esprit la plus gaie. Nous avons dîné tous ensemble aujourd’hui chez Ratazaïeff, et (ce sont des polissons, matotchka !) ils ont fait circuler un tel romanée….. Allons, à quoi bon vous parler de cela ? Seulement, ne vous imaginez rien à mon sujet, Varinka.