Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/155

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une bonne conduite, jamais on ne m’a vu prendre part à des désordres. En tant que citoyen, je me considère dans mon for intérieur comme ayant mes défauts, mais en même temps aussi des vertus. Je jouis de l’estime de mes chefs, et Son Excellence elle-même est contente de moi ; quoiqu’elle ne m’ait encore donné aucune marque particulière de sa bienveillance, je sais qu’elle est contente. Mon écriture est suffisamment lisible et élégante, ni trop grosse, ni trop fine, ayant plutôt quelque chose de la cursive, mais en tout cas satisfaisante ; chez nous, il n’y a guère qu’Ivan Prokofiévitch qui écrive ainsi, et encore ! J’ai maintenant des cheveux blancs ; je ne me connais aucun gros péché. Quant aux petits, qui donc en est exempt ? Tout le monde est pécheur ; vous-même, matotchka, vous êtes une pécheresse ! Mais une faute grave, une audacieuse violation des règlements, une atteinte portée à la tranquillité publique, cela, on n’a jamais pu me le reprocher ; j’ai même obtenu une petite décoration ; — eh bien, voilà ! Tout cela, en conscience, vous auriez dû le savoir, matotchka, et lui aussi ; du moment qu’il entreprenait de tracer un portrait, il ne devait