Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/164

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n’avez pas osé vous ouvrir à moi, que vous aviez peur de perdre mon amitié si vous m’avouiez la vérité ; que vous étiez au désespoir, ne sachant comment me venir en aide dans ma maladie ; que vous avez tout vendu pour subvenir à mes besoins et m’empêcher d’aller à l’hôpital ; que vous avez fait le plus de dettes possible, et que vous avez chaque jour des désagréments avec votre logeuse ; — mais en me cachant tout cela, vous aviez pris le parti le plus mauvais. Maintenant, du reste, j’ai tout appris. Par délicatesse, vous vouliez me laisser ignorer que j’étais la cause de votre malheureuse situation, et maintenant vous m’avez fait deux fois plus de chagrin par votre conduite. Tout cela m’a saisie, Makar Alexéiévitch. Ah ! mon ami ! le malheur est une maladie contagieuse. Les malheureux, les pauvres, doivent se garer les uns des autres pour ne pas aggraver leur mal. Je vous ai apporté des maux que vous n’aviez pas encore éprouvés dans votre existence modeste et solitaire. Tout cela me tourmente et me tue. Maintenant écrivez-moi avec une entière franchise ce qui vous est arrivé et comment vous en êtes venu à vous comporter ainsi. Tranquillisez-