Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/235

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signalée, mais voyez quelle circonstance se produit ici, matotchka : dans la même maison, à l’étage au-dessus ou au-dessous, dans un appartement doré, un très-riche personnage a peut-être, lui aussi, rêvé de bottes la nuit, je ne dis pas des mêmes bottes ; celles qu’il a vues en rêve étaient d’un autre genre, d’une autre façon, mais c’étaient toujours des bottes, car, dans le sens où je l’entends ici, matotchka, nous sommes tous un peu bottiers. Cela non plus ne serait rien ; le mal, c’est qu’il n’y a personne auprès de ce richard pour lui dire à l’oreille : « Cesse donc de songer à de pareilles choses, de ne penser qu’à toi, de ne vivre que pour toi ! Tu n’es pas un bottier, les enfants se portent bien, ta femme ne demande pas à manger, regarde autour de toi, ne verras-tu pas pour tes soucis d’objet plus noble que tes bottes ? » Voilà ce que je voulais vous dire sous forme d’allégorie, Varinka. C’est peut-être une idée trop hardie, ma chère, mais cette idée me vient parfois, elle me visite de temps à autre, et alors, malgré moi, elle jaillit de mon cœur en paroles ardentes. En conséquence, je n’avais pas lieu de m’estimer un groch et d’être si timide. Pour conclure, matotchka, vous pensez