Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/256

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jeunes années. Alors, je me trouvais parfois sans un kopek. J’avais froid, j’avais faim, mais cela ne m’empêchait pas d’être gai. Le matin, je faisais un tour de promenade sur la perspective Nevsky, je rencontrais un joli petit minois et j’avais du bonheur pour toute la journée. C’était un fameux temps, matotchka, fameux ! Il fait bon vivre, Varinka ! Surtout à Pétersbourg. Hier, je me suis confessé, les larmes aux yeux, devant le Seigneur Dieu, pour qu’il me pardonne tous mes péchés durant ce triste temps : murmures, idées libérales, débauche, colère. Pendant que je priais, j’ai pensé à vous avec attendrissement. Vous seule, mon petit ange, m’avez fortifié, vous seule m’avez consolé, vos bons conseils ont été un viatique pour moi. Jamais je ne pourrai oublier cela, matotchka. Aujourd’hui, j’ai baisé toutes vos lettres les unes après les autres, ma chérie ! Allons, adieu, matotchka. On dit qu’il y a quelque part, pas loin d’ici, des vêtements à vendre. Eh bien, je vais aller voir. Adieu donc, mon petit ange. Adieu ! Votre sincèrement dévoué

MAKAR DIÉVOUCHKINE.