Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/258

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je mourrais bientôt. Là-dessus, il a fait observer que j’étais encore trop jeune, qu’il y avait encore de la fermentation dans ma tête, et que nos vertus étaient ternies (c’est ainsi qu’il s’est exprimé), Fédora et moi nous pensions qu’il ne connaissait pas notre adresse, quand hier, comme je venais de sortir pour aller faire des emplettes à Gostinnii Dvor, il est entré tout a coup dans notre chambre ; il ne tenait pas, ce semble, à me trouver à la maison. Il a longuement questionné Fédora sur notre manière de vivre ; il a tout examiné chez nous, il a regardé mon ouvrage ; à la fin il a demandé : — « Quel est donc l’employé qui est en relation avec vous ? » En ce moment vous traversiez la cour, Fédora vous a montré à lui ; il vous a regardé et a souri. Fédora l’a instamment prié de s’en aller, elle lui a dit que les chagrins avaient gravement altéré ma santé et qu’il me serait fort désagréable de le voir chez nous. Après un silence, il a dit qu’il était venu comme cela, parce qu’il n’avait rien à faire, et il a voulu donner vingt-cinq roubles à Fédora ; naturellement, elle ne les a pas acceptés. — Qu’est-ce que cela signifierait bien ? Pourquoi est-il venu chez nous ? Je ne puis comprendre