Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/30

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si gaie ! Mais maintenant les idées noires sont revenues, la tristesse et l’inquiétude ont repris possession de mon cœur.

Ah ! que deviendrai-je ? quel sera mon sort ? Il est cruel pour moi de vivre dans une pareille incertitude, de n’avoir pas d’avenir, de ne pouvoir même rien conjecturer quant à ma destinée future. Et si je reporte mes regards en arrière, je suis épouvantée. Le seul souvenir de ce douloureux passé me déchire le cœur. Toujours je me plaindrai des méchantes gens qui m’ont perdue !

Le jour baisse. Je dois me remettre au travail. J’avais bien des choses à vous écrire, mais le temps me manque ; j’ai une besogne pressée, il faut que je me dépêche. Sans doute les lettres sont une bonne chose, cela rend la vie moins ennuyeuse. Mais est-ce que vous-même ne viendrez jamais chez nous ? Pourquoi cela, Makar Alexéiévitch ? À présent nous sommes voisins, et vous saurez bien trouver parfois un moment de libre. Venez, je vous prie. J’ai vu votre Thérèse. Elle a l’air bien malade ; elle m’a fait pitié ; je lui ai donné vingt kopeks. Oui ! J’allais l’oublier : ne manquez pas de me donner tous les détails possi-