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25 avril.
Monsieur Makar Alexéiévitch !


J’ai rencontré aujourd’hui ma cousine Sacha ! C’est terrible ! Elle aussi sera perdue, la pauvre ! J’ai aussi appris indirectement qu’Anna Fédorovna s’informe toujours de moi. Il parait qu’elle ne cessera jamais de me persécuter. Elle dit qu’elle veut me pardonner, oublier tout le passé, et qu’elle viendra me voir certainement. Elle dit que vous n’êtes pas du tout mon parent, que la parenté est plus proche entre elle et moi, que vous n’avez nullement le droit de vous immiscer dans nos relations de famille, qu’il est honteux et inconvenant pour moi d’accepter vos aumônes et d’être entretenue par vous… Elle dit que j’ai oublié son hospitalité, que sans elle ma mère et moi serions peut-être mortes de faim, qu’elle nous a donné le boire et le manger, que pendant plus de deux ans et demi nous lui avons coûté de l’argent, qu’elle nous a fait remise de notre dette. Elle n’épargne même pas ma mère ! Et si la