Page:Dostoievski - Niétotchka Nezvanova.djvu/116

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fois, on la disait prédisposée à la phtisie. Elle vivait isolée et n’aimait ni à recevoir ni à sortir.

Je me la rappelle quand elle vint chez Mme  Léotard et, avec un profond sentiment, m’embrassa. À côté d’elle se tenait un monsieur âgé, maigre. Il pleura en me regardant. C’était le violoniste B… Alexandra Mikhaïlovna m’embrassa et me demanda si je voulais vivre chez elle et être sa fille. En regardant son visage je reconnus la sœur de ma Catherine et tout mon cœur se fondit, comme si quelqu’un, encore une fois, m’appelait « orpheline ». Alors Alexandra Mikhaïlovna me montra la lettre du prince. Il y avait quelques lignes pour moi. Je les lus en sanglotant.

Le prince me bénissait pour une longue et heureuse vie et me priait d’aimer son autre fille.

Catherine aussi avait ajouté quelques lignes. Elle écrivait que maintenant elle ne quittait plus sa mère.

Et ce même soir j’entrai dans une autre famille, dans une autre maison, chez des gens nouveaux, arrachant pour la seconde fois mon cœur de tout ce qui m’était devenu si cher, de ceux qui pour moi étaient presque une famille.

J’étais toute inquiète…

Une nouvelle vie commençait.

DOSTOIEVSKI.

Traduit du russe par J. w. BIENSTOCK.

suivre.)