Page:Dostoïevski - Carnet d’un inconnu 1906.djvu/289

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plus. Que vous faut-il encore ? Pas un mot, entendez-vous ? Pas un mot de plus ; je vous en prie ! Je désire éviter toute explication complémentaire et ce sera d’ailleurs beaucoup plus avantageux pour vous.

Mais Obnoskine perdit courage à un tel point qu’il se mit à lâcher les bêtises les plus inattendues.

— Ne me méprisez pas, Yégor Ilitch, dit-il à voix basse et pleurant presque de honte, mais se retournant sans cesse vers la porte comme s’il eût craint qu’on l’entendît. Ce n’est pas ma faute : c’est maman. Je ne l’ai pas fait par intérêt, Yégor Ilitch : je l’ai fait… tout simplement… Bien sûr, je l’ai aussi fait par intérêt… mais, dans un noble but, Yégor Ilitch. J’aurais employé ce capital d’une façon utile ; j’aurais fait du bien, Monsieur. Je voulais aider aux progrès de l’instruction publique et je songeais à fonder une bourse dans une Faculté… Voilà à quel emploi je destinais ma fortune, Yégor Ilitch ; ce n’était pas pour autre chose, Yégor Ilitch…

Nous sentîmes tous la confusion nous envahir. Mizintchikov lui-même rougit et se détourna et le trouble de mon oncle fut tel qu’il ne savait plus que dire.