Aller au contenu

Page:Dottin - La religion des Celtes.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
LA RELIGION DES CELTES

A côté des dieux qui ne nous sont connus que sous des noms latins accompagnés ou non d’épithètes celtiques, on trouve, tant chez les écrivains que dans les inscriptions, les noms celtiques de quelques divinités. C’est d’abord chez Lucain les vers célèbres où il énumère trois divinités celtiques : Taranis dont l’autel n’est pas plus doux que celui de la Diane scythique, le cruel Teutatès que l’on apaise par un sang affreux, et l’horrible Hésus aux sauvages autels[1]. Taranis est à comparer au Deo Taranucno « fils de Taranus » d’une inscription[2] et s’explique sans doute par le gallois taran « tonnerre ». Nous avons déjà trouvé, comme épithète de Mars, Toutates qui est une variante de Teutatès. Nous parlerons plus loin de l’Esus de l’autel de Paris dont le nom forme le premier terme des noms d’hommes gaulois Esu-genus, Esu-nertus. Peut-être Lucain nous donne-t-il ainsi les noms celtiques des dieux assimilés aux grands dieux des Romains. Taranis serait un Jupiter ; Teutatès un Mars ; cependant les scholiastes de Lucain identifient Teutatès à Mercure[3]. D’autre part, le culte d’Esus, Taranis, et Teutatès semble être localisé chez quelques peuplades gauloises[4].

Lucien nous apprend que les Celtes donnent à Héraclès le nom d’Ogmios : « Ils le représentent sous la forme d’un vieillard très âgé, chauve sur le sommet de la tête ; le peu de cheveux qui lui restent sont entièrement blancs. Il a peau ridée et brûlée par le soleil au point d’être noire. Il est revêtu de la peau de lion ; il tient la massue dans sa main droite ; de la gauche il présente un arc tendu ; un carquois est suspendu à son épaule. Cet Héraclès vieillard attire à lui une multitude considérable qu’il tient

  1. Pharsale, i, 444-446.
  2. Corpus inscriptionum latinarum, t. XIII, no  6094.
  3. Cf. Jullian, Revue des études anciennes, t. IV, p. 113 et suiv.
  4. S. Reinach, Revue Celtique, t. XVIII, p. 137-149.