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LA RELIGION DES CELTES

L’enseignement druidique, qui fut en grande faveur tant que la Gaule resta indépendante, ne survécut pas longtemps à la conquête. Un sénatus-consulte, sous le règne de Tibère, supprima les druides, sustulit Druidas[1]. Officiellement supprimés, les druides pendant quelque temps continuèrent à enseigner dans les forêts. L’ouverture des écoles romaines d’Autun[2], de Lyon et de Bordeaux leur enleva la clientèle des jeunes nobles gaulois.

Chez les Irlandais, les druides sont entourés de nombreux disciples. Cathbad avait auprès de lui cent hommes qui sous sa direction apprenaient le druidisme, druidecht. Dans une des légendes hagiographiques rattachées à la vie de saint Patrice, deux druides sont chargés de l’éducation des deux filles du roi Loégairé. En quoi consistait l’enseignement druidique ? Une glose du Senchus Mor, recueil de jurisprudence irlandaise, nous apprend que les druides irlandais disaient que c’étaient eux qui avaient fait le ciel, la terre, la mer, le soleil, la lune, etc., et il est possible que ce soit là le dernier mot de cette cosmogonie druidique dont, sans la connaître, on s’est plu à vanter la profondeur scientifique. De plus, les druides enseignaient la magie, et les seuls écrits que la légende leur attribue sont des caractères oghamiques gravés sur quatre baguettes d’if qui servaient à des pratiques de divination. Quant à la doctrine de l’immortalité de l’âme, qui était généralement admise en Irlande avant le christianisme, il ne semble pas qu’elle fût spécialement enseignée par les druides irlandais[3].

Les druides sont réputés les plus justes des hommes[4]. Aussi les fait-on juges des contestations publiques et

  1. Pline, Histoire naturelle xxx, 4.
  2. Tacite, Annales, iii, 43.
  3. H d’Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. I, p. 165-189.
  4. Strabon, iv, 4, 4.