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Page:Dottin - Louis Eunius.pdf/25

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INTRODUCTION.


Gervais w, abbé de Luda (Louth), avait obtenu du roi Etienne l’autorisation de bâtir un couvent en Irlande. Gervais y envoya un de ses moines nommé Gilbert(1), avec quelques autres, pour fonder le monastère. Gilbert alla se plaindre au roi qu’on l’envoyât dans un pays dont il ne connaissait pas la langue. Le roi lui donna comme interprète le soldat Owen. Toutes les fois que Gilbert était seul avec Owen, il lui parlait de son voyage au purgatoire de saint Patrice. Owen finit par le lui raconter sous le sceau du secret. Gilbert refit souvent devant plusieurs personnes le récit d’Owen. Une d’entre elles doutait de la réalité du voyage et supposait qu’Owen était tombé en extase et que son voyage n’était qu’une vision. Gilbert, à l’appui de la véracité d’Owen, cita l’exemple d’un moine qui avait été enlevé de son lit par les diables et retenu par eux pendant trois jours ; à son retour on l’avait trouvé sérieusement blessé et il avait raconté les tourments qu’il avait subis.

Le moine de Saltrey, reprenant la parole, ajoute qu’il consulta deux abbés d’Irlande sur ces choses ; l’un lui affirma que tout était vrai, mais en ajoutant que beaucoup étaient entrés dans le Purgatoire de saint Patrice qui n’étaient point revenus. Tout récemment encore, un évêque nommé Florentien(3), descendant de saint Patrice (* compagnon de saint Malachie(5), dit à H. de Saltrey que le purgatoire était situé dans son diocèse et que les pèlerins qui en revenaient restaient pâles et languissants. Telle est la première rédaction complète de la légende du Purgatoire de saint Patrice. D’après les indices chronologiques que l’on peut tirer des personnages cités, l’ouvrage du cistercien de Saltrey a dû paraître vers 1189, peu après la translation solennelle à Down des reliques de saint Patrice {*K II se trouve dans un grand nombre de manuscrits qui datent du XIIe au XVe siècle ; mais il n’en a point été publié de texte critique(7). Le texte latin a été [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7]

  1. Gervais de Parco mourut entre 1160 et 1170. Vischius, Bibliotheca scriptorum sacri ordinis Cisterciensis, Cologne, 1656, p. 124.
  2. Gilbert de Louth devint abbé de Basingwerk, en Flintshire, et mourut vers 1153. Le ms. du Vatican Barberini 270 a pour titre : Purgatorium Sancti Patricii curante Gilberto monacho Ludensi, post abbate de Basingwerek in Anglia. Lee, National Biography, t. XXI, p. 314.
  3. Sans doute Florence O’Cherballan, intronisé à Derry en 1185, et mort en 1230. Annals o( the Four Masters, anno 1203. Voir toutefois Colgan, Trias thaumaturga, p. 281, note 13.
  4. Moel Patricii ou Patricianus qui mourut en 1137. Acta Sanctorum, 27 mars.
  5. Archevêque d’Armagh en 1134, mort en 1148.
  6. Cf. Ph. de Félice, Le purgatoire de saint Patrice, p. 30-31.
  7. Ed. Mail, Romanische Forschungen, t. VI, p. 139-197, a publié le texte d’un manuscrit de Bamberg. Cf. le texte donné par Colgan, Trias thauvnaturga, p. 273-280.