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INTRODUCTION.


mais il lui parait vraisemblable qu’anciennement des idoles effrayantes et horribles se présentaient aux yeux des pénitents. Rabelais fait allusion à l’obscurité de la caverne : « en cette descente ne nous apparaissoit autre lumière, non plus que si nous fussions au trou de saint Patrice en Hibernie ou en la fosse de Trophonius en Béotie 0). Dans un autre passage, il plaisante sur le mot trou : Leur propos fut du trou de sainct Patrice, De Gilbathar et de mille autres trous S’on les pourroit réduire à cicatrice Par tel moyen que plus n’eussent la toux (î). Pour les auteurs gais du XVIe siècle, le « trou » de saint Patrice devient le sujet de plaisanteries aussi faciles que grossières. On lit dans la Farce de frère Guillebert : Gardez se l’atelier est net Devant que larder le connin ; Car s’en prent en queue le venin, On est pirs qu’au nous saint Patris<3) Foullando in callibistris(4). Et Cliolières écrit dans ses Matinées : Cependant que l’une défend l’entrée du trou S. Patris, l’autre supplée au défaut(S). Dans la Farce joyeuse, à deux personnages, du Gaudisseur qui se vante de ses faictz et ung sot qui luy respond au contraire (#), le Gaudisseur raconte l’expédition qu’il fit au « trou saint Patris ». Pour s’y rendre il a « chevauché la grant mer Rouge(7). Il entre dans un monastère où il rencontre un « beau père qui oncques ne lui sonna mot ». Il descend au « pertuis » où il ne voit « lune ne soleil », puis il se trouve dans une plaine(8) : Là où je souffry mainte peine Qui me fit maistre Grimouart. (1) Pantagruel, V, 36. (2) Gargantua, 2. Cf. Mellin de Saint-Gelais, bibliothèque elzévirienne, t. I, p. 70. (3) « Le purgatoire, le lieu duquel on nommoit le trou S. Patrice et le vulgaire disoit le trou S. Patri. H. Estienne, Apologie pour Hérodote, ch. 39, éd. Ristelhuber, t. II, p. 363. Cf. ch. 36, p. 254. (4) Ancien Théâtre français (bibliothèque elzévirienne), éd. Viollet-le-Duc, t. I, p. 306. (5) Edition Jouaust, t. I, p. 319. (6) Ancien Théâtre français, t. II, p. 295-297. Je dois l’indication de ces textes du XVIe siècle à mon collègue et ami E. Philipot. (7) Confusion avec le lac Rouge (loch Derg). (8) Comparez les plaines où est transporté Owen.