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INTRODUCTION.


avait eu le plus de succès, elle est vivement prise à parti. En Espagne, Geronymo Feijoo y Monténégro, moine bénédictin, 17011764, dans une sorte de revue critique des idées et des croyances de son temps, expose la légende, examine si elle est en conformité avec les règles de l’Eglise et la déclare pleine d’irrégularités et de fausseté(1>. Un Français anonyme, en 1774, publie un traité intitulé Le Trou de saint Patrice<a), où il soumet l’histoire à un examen minutieux et conclut qu elle a été fabriquée de toutes pièces. En Angleterre, dès 1727, John Richardson(3), recteur de Belturbet, publia un ouvrage contre le Purgatoire qui est, à son dire, l’endroit le plus remarquable du royaume ou peut-être du monde entier, pour la superstition et l’idolâtrie. Il raconta l’histoire d’un pèlerin breton qu’il appelle Ludovicus Pyrrhus qui, vers 1693, entreprit des fouilles sur l’emplacement du prieuré détruit en 1632 et finit par découvrir une fenêtre avec des appuis en fer, sous laquelle on distinguait un trou obscur et où l’on croyait sentir une odeur de soufre. Après examen, toutefois, il fallut se convaincre qu’il n’y avait là qu’un ancien cellier, et on dut renoncer à l’espoir de retrouver jamais la mystérieuse caverne de saint Patrice(4). De nos jours, 111e du lac Derg est encore un lieu de pèlerinage où se rendent, du 1er juin au 15 août, pour accomplir de dures pénitences, plusieurs milliers de personnes(5). L’ancienne grotte a (1) Theatro critico universal, o discursos varios en todo genero de materias para desengaûo de errores comunes, Madrid, 1755, t. VII, p. 156-179. (2) Dublin (I) Cf. l’article de Gaidoz, Revue critique, 1869, p. 256. Voltaire, dans ses Facéties, Questions sur les miracles, 7, mentionne en plaisantant la légende : « Mon avis est qu’on le renvoie au trou de S* Patrice dont il n’aurait jamais dû sortir », et, en note : « Le trou de S‘ Patrice est très fameux en Irlande, c’est par là que ces messieurs disenl qu’on descend en enfer. »

(3) The great folly, superstition and idolatry o/ pilgrimages in Ireland, especially o( thaï to S* Patrick’s Purgatory, Dublin, 1727. Dans le même volume, p. 127-137, on trouve a description o/ St. Patrick’s Purgatory in Lough-Derg and an account o[ lhe pilgrims business there by Rev. Hewson, rector of St. Andrew’s, Dublin.

(4) Richardson, The great (olly, p. 5-6.

!5) Sur les cérémonies au XVIIe siècle et XVIIIe siècle, on peut consulter :

Teatro delle glorie e purgatorio de’ viventi del gran patriarca, ed apostolo dell’ Ibernia, S. Patrizio, Bologne, 1657. D. Brullaughan, In nomine Jesu opusculum de Purgatorio sancti Patritii, Louvain, 1735. Hewson, A description of S1 Patrick’s Purgatory in Lough Derg, and an account of the pilgrims business there. Dublin, 1727 ; W. Carleton, Traits and stories of the Irish peasantry, London, p. 62-%. Cf. Revue britannique, 1842, t. VIII, p. 117-121. C[aesar] 0[tway], Sketches in Ireland, 1827, p. 149. L’histoire du pèlerinage a été écrite par Rev. D. Canon O’Connor, S4 Patrick’s Purgatory, Lough Derg, its hislory, traditions, legends, antiquities, lopography, and scenic surroundings, wilh some account of its more notable pilgrims, and a detailed description of the authorised dévotions performed at its venerable shrine, an enlarged and revised édition, Dublin, 1895.