Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/89

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Et Puis, quand plus n’en y eut goute,
Et l’humeur fut ſeiche toute :
Et Ça, dit-il, faiſons l’eſſai
De ce petit arc que i’ai :
Voyons ſi l’eau de l’orage
A ma corde à fait dommage.
A Il bende, &, d’vn trait adroit,
Au milieu du cueur tout droit,
Comme vn Tan poignant m’afolle,
Puis me gaudiſſant ſ’enuole.
PuAdieu, dit-il, adieu donq
Mon ote, ie ne vi onq
Ceſte corde eſtre meilleure,
Mais plaie au cueur t’en demeure.

Dudit Anacreon.



Ce leger enfant Amour,
Cueillant des roſes vn iour,
N’aperceut point vne abeille
Dormant’en la plus vermeille,
Qui d’aguillion inhumain,
Au bout d’vn doit de la main
Lui lança pointure amere :
Il ſ’écrie, & en Cithére
A l’heure à l’heure volé,
Or ſuis-ie, mere, afollé,
Afollé ſuis-ie a ceſte heure,