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Quinze jours après cette pêche miraculeuse, Paul, Félix, Antoine Caisse, Thomas Arpin, Olivier et Basille Desrosiers, Gonzague Leroux et quelques autres camarades devisaient, assis paisiblement sous l’ombrage de la côte, lorsqu’ils virent s’avancer dans leur direction l’octagénaire Francis Grenier, venant du côté du quai, portant son bras gauche en écharpe.

« Qu’as-tu donc, quel mal te prend Francis ? interrogea quelqu’un de la bande ? »

« Je vais te le montrer ce que j’ai. » On protesta, pourquoi développer sa main ; on ne demandait pas cela, on s’informait tout bonnement.

« Ça m’fait plaisir de la développer, la chienne de main, » dit-il, d’un ton sourd « je veux voir ça moi-même, ça peut être utile. »

Il avait cette main affreusement équipée : enflure, apostume, plaie purulente, tout y était.

« Maudit, » grogna-t-il, et il étendit cette main sur la clôture toute proche, et vlin, vlan, pi, pan,