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être transportée, pour aller habiter une terre achetée d’Eusèbe Dumais, dans le rang de Saint-Henri, à une lieue de l’Église. De son côté Francis Grenier, lui s’expatriait pour la seconde et dernière fois, s’en allait demeurer à Lowell, dans l’état de Massachusetts : grand’mère, revenant de l’église, avait échangé, chemin faisant, quelques paroles avec monsieur et madame Grenier qui allaient faire vieillottement le chemin de la Croix.

Le vieux, contre son habitude, avait paru s’émouvoir en regardant, à travers ses lunettes, le cimetière par dessus le mur de gros cailloux. Certes, l’émotion n’était apparue que passagèrement dans la voix et le geste ; et il aurait affirmé que sans se choisir une place bien fixe, il avait toujours cru que sa carcasse, en fin de compte, aurait trouvé profit à se ramollir dans un trou de terre franche, dans ce « cémiquière. » « Mais, sacrebleu, bedame, on peut pas tout avoir, Sophie Isabelle, puisque j’ai mangé mon pain blanc le premier. » Puis il avait quitté sa femme et ma