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chaque événement important de sa vie était inscrit dans un coin de son champ, au moyen d’un nouveau caillou ajouté au tas déjà accumulé.

Après avoir fumé la pipe avec sa femme, — elle ne fumait peut-être pas plus que lui, mais elle fumait autant — il se rendait le dimanche après-midi à son livre de pierres, je devrais dire à ses livres, puisque chaque période mesurée par lui correspondait à un tas de pierres.

Soit avant, soit après sa visite au champ, il allait saluer mon grand père et toute la famille, qui se trouvait voisine, et chacun faisait ses lois, racontait ses nouvelles et ses histoires drôles, à l’exception de M. Durand qui, pour une histoire, ne riait presque jamais, bien qu’il aimât voir rire et s’amuser les autres.

Il écoutait raconter, souriait parfois, mais il se taisait ou parlait de choses sérieuses ou supposées sérieuses. Une seule fois il fit une vraie farce en réponse à une autre drôlerie de M.