Page:Doucet - Campagnards de la Noraye (d'après nature), 1918.djvu/60

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ou la tenait-il de sa femme défunte avant lui depuis quelques années, elle qui passait pour avoir l’esprit si développé, ou l’idée leur était-t-elle venue à tous deux, en même temps, au coin du feu, en fumant une bonne pipée ? Je ne saurais le dire : toujours est-il qu’il était de tradition dans la famille de Louis Durand de prendre le temps nécessaire aux préparatifs de la fin.

La dernière pensée que M. Durand m’avait exprimée lors de notre conversation à Montréal était que la navigation est et sera toujours un métier dur, mais qu’en cela, comme en autre chose. le principal était de savoir bien prendre son ouvrage. Presque tous les ouvrages sur la terre se ressemblent par bien des côtés, la charrue vaut autant que la plume d’un notaire, il s’agit de s’en servir plus lentement et avec patience ; le laboureur vit aussi vieux que l’homme de loi, et le navigateur d’eau douce, quand il sait le moindrement nager, dans un naufrage, peut sauver sa vie