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Page:Doucet - Moïse Joessin, 1918.djvu/39

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S’adressant à Pierre, son frère, dont il se séparait rarement, il répétait : « Ah ! ils sont bien cochons ceux qui m’ont frappé comme ça. Frapper en traître, moi je n’ai jamais fait ça. »

« C’est pas un homme qui t’a attrapé, » dit Pierre, « c’est une voiture qui marche toute seule. »

Et Moïse plus bas : « Oui, une voiture qui marche toute seule devrait plutôt tuer ceux qui sont dedans que ceux qui sont en dehors. Un fusil ça tue tout seul aussi, mais pas sans poudre ni plomb, ni doigt pour le faire partir. Une voiture qui marche toute seule devrait connaître son chemin. »

Il se confessa et communia dignement, presque avec ferveur. Il dit au prêtre qu’il ne gardait pas rancune à personne, pas même au propriétaire de la machine qui l’avait renversé, ajoutant qu’après tout son pauvre corps avait bien assez vieilli et assez traîné sur la terre, qu’il ne lui déplaisait pas d’y rentrer tout de bon pour y faire le grand somme.