Page:Doucet - Moïse Joessin, 1918.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 40 —

à combattre la mort qui venait de son coup de faulx abattre l’un des corps les plus rebelles pour le séparer de l’une des âmes les plus tenaces. En tout cas, c’est à cet instant que s’éteignait dans un geste brusque, mais pour ainsi dire logique, l’homme le plus énergique, le caractère le mieux indomptable de Lanoraie.

Trois semaines environ après la mort de Moïse, on vit errer Pierre sur la « Grand’Pinière, » qui, fidèle au dernier vœu d’un mourant, venait réciter une dizaine de chapelet sur le haut de la côte, près de l’emplacement de la vieille maison disparue des Joessins : elle qui avait été leur château fort, leur premier patrimoine, leur fief, toute leur seigneurie.

S’est-il demandé, en repassant son enfance lointaine, et celle de son frère, enfance dépensée si énergiquement, si frénétiquement, si robustement, dans un effort de bras et une dépense de force terrible, si le but de l’existence était de