sa tapisserie, la sœur aînée d’Adèle jette dans la causerie des propos vagues. Elle croit de son devoir de faire allusion à certains cancans, des médisances sans doute et dont on ne doit pas s’alarmer. Mais enfin elle a entendu parler, à mots couverts et sans que cela tire à conséquence, d’une liaison qu’aurait conservée Albert : une certaine Caroline, une ancienne maîtresse, chez qui il serait retourné, qu’il aurait même installée tout près de chez lui… Adèle se souvient, en effet, qu’elle a trouvé récemment une lettre signée de ce nom, et que les explications que son mari lui a données étaient très embarrassées. Avec la rapidité de son imagination de femme, elle comprend tout et devine le reste. Quant Albert revient : « Ah ! ne me mens pas, lui crie-t-elle, tu as une maîtresse !… »
Et puis Adèle pardonne. Elle sait bien qu’elle a une rivale. Mais elle sait aussi que les hommes sont tous les mêmes, et qu’il faut passer sur bien des choses. La paix du ménage est à ce prix. Et vraiment la vie du ménage telle qu’elle est arrangée maintenant est très supportable. On jouit de ce bien, le plus précieux de tous : l’entente en famille. Mme Viot et la sœur mariée viennent régulièrement passer la soirée chez les Bonnet. Albert est d’humeur très accommodante. Il fait la partie de sa belle-mère : il laisse celle-ci gagner plus souvent qu’à son tour, ayant remarqué que pour la bonne dame il n’y a pas de petits pro-