en campagne contre le préjugé, la tendance à généraliser un cas particulier et à faire de la cause d’une femme celle de toutes les femmes.
Pour conclure, voulez-vous maintenant vous rappeler et réunir en faisceau les traits qui, un à un, se sont découverts à nous dans leur ordre de succession ? Vous verrez alors à quelle lignée intellectuelle et sentimentale se rattache Aurore Dupin. Vous comprendrez les termes dont elle se sert pour nous peindre son « enivrement » à la lecture de Rousseau : « La langue de Jean-Jacques et la forme de sa déduction s’emparèrent de moi comme une musique éclairée d’un grand soleil. Je le comparais à Mozart. Je comprenais tout ». Elle le comprenait, car elle se reconnaissait en lui. En effet, cette prédominance exclusive de la sensibilité et de l’imagination, cette exaltation du sentiment, ce goût pour la vie selon la nature, cette émotion devant les spectacles de la campagne, cette méfiance à l’égard du monde, et ces effusions de sentimentalité religieuse, et cette rêverie solitaire, et cette mélancolie qui va jusqu’au désir de la mort —