Page:Doumic - George Sand Dix Conferences sur sa vie et son oeuvre 1922.djvu/71

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les inférieurs, ce qu’elle n’admettait pas, elle l’amie du peuple et des paysans. Entre la sym-

    et le hasard les fait arriver aux oreilles des personnes de bon sens qui les blâment.
    Tâchez donc aussi de ne pas faire tant de projets, mais de vous en tenir à l’exécution de quelques-uns. Vous savez que c’est toujours ma querelle avec vous. Je voudrais vous voir plus de constance. Vous dites à Hippolyte que vous avez de la bonne volonté et du courage. Pour le courage physique, celui qui consiste à supporter les maladies et à ne pas craindre la mort, je ne vous refuse pas celui-là, mais du courage pour un travail soutenu, j’en doute bien, ou vous avez sérieusement changé. Tout ce qui est nouveau vous plaît, mais au bout d’un peu de temps vous ne voyez que les inconvénients de votre position. Vous n’en trouverez guère, mon pauvre enfant, qui ne soient semées de contrariétés et d’ennuis. Si vous n’apprenez à les supporter, vous ne serez jamais un homme.
    Ici finit mon sermon. Je pense que vous en avez assez, surtout n"ayant pas l’habitude de lire ma mauvaise écriture. Vous me ferez plaisir de m’écrire, mais ne vous en faites pas une affaire d’Etat, ne vous mettez pas à la torture pour me faire des phrases bien limées. Je n’y tiens pas du tout. On écrit toujours assez bien quand on écrit naturellement et qu’on exprime ce qu’on pense. Les belles pages d’écriture sont bonnes pour les maîtres d’école et je n’en fais pas le moindre cas. Promettez-moi de prendre un peu de raison et dépenser quelquefois à mes sermons. C’est tout ce que je vous demande. Soyez bien siir que si je n’avais pas d’amitié pour vous, je ne prendrais pas la peine de vous en faire. Je craindrais d’ailleurs de vous ennuyer, au lieu que je suis sûre qu’ils ne vous déplairont pas et que vous apprécierez le sentiment qui me les dicte.
    Adieu, mon cher Adolphe, écrivez-moi souvent et continuez à nous tenir au courant de vos affaires. Soignez votre santé et tâchez de continuer à vous bien porter : mais si vous vous sentez malade, revenez au pays. Nous aurons encore du lait et du sirop de gomme pour vous, et vous savez que je ne suis pas une mauvaise garde-malade. Tout le monde se rappelle de vous (sic) avec intérêt. Pour moi, je vous donne ma très sainte bénédiction.

    « Aurore D. »