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les apprentis de l’armurier

— Où diable l’avez-vous rencontré ? s’écria l’autre fort surpris.

— À l’image Saint-Julien, où nos espions avaient signalé sa présence.

— Il a donc devancé l’heure, murmura Harwelt, assez peu satisfait que l’on eût marché sur ses brisées.

Gaultier, le front baissé, dissimulait son visage, craignant d’être reconnu.

Mais Hugonet, dont l’œil perçant l’avait déjà découvert, tira le faux pêcheur par son manteau.

— Ce n’est pas lui, dit-il à mi-voix.

— Hein ! quoi ?

— C’est son ami, son écuyer.

— Pas possible !

Marchant droit au prisonnier, Harwelt le força à relever la tête et éclatant de rire :

— Mes compliments, lieutenant, vous avez un flair remarquable ! et vous auriez fait un fameux limier !… Seulement… seulement il ne faut pas prendre un lièvre pour un daguet.

— Que signifie ?…

— Cela signifie que ce morveux n’a jamais été Guy de Dampierre, mais un simple serviteur.

Le lieutenant atterré regardait alternativement son pseudo-prisonnier et le faux pêcheur, qui souriait d’un air railleur.

— Petit misérable ! bégaya-t-il, tremblant de colère ; tu m’as donc menti !

— J’ai sauvé mon maître, répondit hardiment le jeune garçon, et à cette heure, il est hors de vos atteintes.

— Pas encore, répliqua Harwelt avec un mauvais regard. Moi, je ne me laisse pas jouer par un échappé de nourrice.